Ces notes concernent un enseignement suivi en NPCA durant l’année universitaire 2023-2024. Elles peuvent contenir des coquilles/fautes d’orthographe et des erreurs. Dans une démarche éthique et responsable, également dans une dynamique de protection de la spécialité et de la profession, je souhaite qu’elles ne soient pas transmises en dehors des promotions NPCA sans me le demander. Yoan Segura – Étudiant NPCA 2022-2024 (N’hésitez pas à me contacter si nécessaire :
[email protected]) NPCA : Neuropsychologique clinique de l’adulte ; parcours de master proposé à l’université de Toulouse.
PY902 COURS 4 PRATIQUE DE BILAN NEUROPSYCHOLOGIQUE On distingue en général 4 phases : 1. Entretien clinique initial (anamnèse) 2. Examens neuropsychologique de base 3. Cotation et interprétation des résultats 4. Restitution des résultats PARTIE 1. ENTRETIEN CLINIQUE INITIAL, ANAMNÈSE Quels éléments semblent important à recueillir lors de ce temps ? – Plaintes cognitives – Situations familiale, professionnelle/scolaire – Demande – Sommeil, Alimentation – Habitudes de vie – Évolution des difficultés – Antécédents médicaux, Traitements – Relations interpersonnelles Recueil clinique : 1er recueil d’information Entretien initial : il y a l’importance de la parole de la personne et de son entourage. Il y a des différences entre les informations objectives et subjectives. – Objectives : données cliniques, qui aide à formuler un diagnostic (faits concrets, informations historiques de la présentation clinique, rédactions comportementales ; dossier médical, résultats examens...). – Subjectives : vécu expérientiel (sentiment à l’égard de ses problèmes, perception et signification, manière de faire face, espoir de résolution, accommodation familiale...). OBJECTIVES ————————— 1. Recueil d’informations sur les circonstances à l’origine de l’examen Qui est à l’origine de la demande ? – Neurologue pour un diagnostic différentiel démence versus dépression ? – Médecin expert pour taux d’invalidité, assurance (expertise médico-légale) ? – Neurochirurgien avant une opération ? – Famille ou médecin généraliste pour aider leur proche (revalidation ?) – Conjoint qui observe un changement (démence, AVC, trouble psychique...) 2. Histoire de la maladie Il est crucial d’avoir accès aux données médicales pour définir la nature et le contenu de notre évaluation. Les hypothèses dépendent de la nature de l’atteinte cérébrale (démence, AVC, TC, SEP, trouble psychique...) et des éléments du dossier médical, voire de la demande. 1
PY902 COURS 4 – Étendue des lésions : plus c’est étendu, plus il y a des séquelles. – Chronologie des événements : date des 1ers signes, de la 1ère consultation, mode d’installation (progressive ou brutale) – Évolutivité ou risque de récidive : données connues. – Présence d’atteintes antérieures à celle à l’origine de la consultation – État moteur et sensoriel : nécessité d’une adaptation du matériel et une prise en compte dans l’interprétation. – Traitements médicamenteux : influence connue sur les fonctions cognitives. À défaut de pouvoir les stopper pour l’évaluation, les connaître pour mieux interpréter. Possible contre-indication. – L’âge, le sexe et la latéralité manuelle : essentiel pour les normes et l’interprétation des résultats. La latéralité peut être importante dans le cadre d’hémiplégie sur la main dominante. Même si on a déjà les éléments, c’est intéressant de redemander pour voir ce qu’en dit la personne. Cela constitue une première idée de la conscience de la problématique. Il y a une correction des inexactitudes du dossier et complément possible. Observations possibles : les premières informations sur de possibles difficultés de la mémoire, des capacités d’expression, de la conscience des troubles et de la place donnée à ceux-ci. Dans le cas d’un proche patient : (1) l’inviter que dans un second temps pour affiner, confirmer les plaintes ; (2) s’adresser au patient en 1er, éviter la 3ème personne en s’adressant au proche ; (3) évaluer l’accommodation familiale (i.e., ce que l’entourage compense = absence de difficulté perçue de la personne). 3. Histoire des déficits cognitifs et socio-émotionnels Le but est de cerner la nature et l’étendue des plaintes cognitives et socio-émotionnelles. – 1er temps : recueillir les plaintes spontanées avec des questions ouvertes et générales « pourquoi êtes-vous ici ? » ; « Quelles sont vos principales difficultés aujourd’hui/depuis l’accident ? » – 2ème temps : guider la personne sur les aspects non abordés du fonctionnement cognitif et émotionnel. Notre rôle consiste à aider la personne à être plus précise dans son discours en demandant des exemples du quotidien, le contexte d’apparition des troubles, leur fréquence, en reformulant pour être certain de comprendre. Il est possible d’utiliser des auto-questionnaires de plainte cognitive. Par exemple : la BRIEF(-A). Selon l’objectif du bilan, il est important de savoir quels troubles sont apparus en premier et l’évolution rapide ou lente : les premières hypothèses sémiologiques peuvent apparaître et guider le questionnement. Attention à ne pas activer de stéréotypes négatifs chez la personne du type vieillissement = oublis, car cela dégrade les performances aux tests ! 4. Parcours scolaire et professionnel – Scolarité : un diplôme peut avoir été obtenu de différentes manières (aides nécessaires, en 2 ans, que la partie pratique mais pas la théorique, avec ou sans mention...) et il y a plus ou moins longtemps. L’idée sous-jacente est d’explorer les potentiels troubles des apprentissages, parcours atypiques, ses préférences, son relationnel... La scolarité à l’étranger implique les questions d’équivalence du diplôme, langue utilisée, matières... – Professionnel : au-delà de l’intitulé des postes, explorer la trajectoire, routine ou imprévus, responsabilités, cadre de travail, demander de décrire les tâches spécifiques réalisées pour aider au choix des tests. Ces aspects sont importants pour définir le niveau de handicap. Par exemple : bon niveau pré-morbide → résultats dans la norme au bilan mais ressenti de perte significative au quotidien à entendre. 2
PY902 COURS 4 5. Conscience des troubles et réactions aux difficultés Évaluer une potentielle anosognosie/défaut d’insight, qui impactent la motivation à entrer dans un changement. Les difficultés possibles dans l’évaluation des troubles : accommodation familiale, absence de confrontation due à l’hospitalisation, mécanisme de défense psychologique (dénégation, déni), confabulation (par exemple : syndrome de Korsakoff, déformation la réalité par des éléments vrais sur lesquels se rajoutent des éléments farfelus et erronés). Les éléments évocateurs par l’écart entre les données objectivées par les tests, le comportement ou l’avis des proches et ce qu’en dit la personne (échelles et questionnaires). 6. Évaluation des handicaps et de leurs répercussions – Déficit : lésion hippocampique – Incapacité : problème de mémoire – Handicap : ne peut pas faire de nouveaux apprentissages Le handicap ne sera pas le même pour un déficit donné, cela dépend du mode de vie de la personne. Tout cela est à mettre en lien avec les facteurs environnementaux et personnels. Les tests et le bilan neuropsychologique se situent plutôt dans l’éclairement des déficits avec une visée en tête de penser au handicap et aux incapacités. Au final, le handicap est subjectif et change en fonction du contexte. Par exemple au travail : du rythme imposé, du travail seul en bureau ou en équipe en open space, l’ambiance relationnel du niveau de responsabilités et d’exigence en termes de qualité et quantité de travail, l’expérience... Attention : lors d’expertises, la notion de handicap est central. L’évaluation des handicaps permet de définir et de préciser les axes de travail de celle-ci. Il y a une prise en compte des interactions entre les facteurs cognitifs, émotionnels, comportementaux et contextuels, systémiques... (cf. Approche holistique du M1 d’Élodie Legrix). Il faut une priorisation des interventions selon la plainte et les répercussions au quotidien, mais également en rapport avec la hiérarchisation des ressources cognitives. 7. Aspects psycho-affectifs – Éléments de personnalité : questionnaires comme le NEO-PI-R (P.T. Costa, 2016) ; MMPI-2 (Sellbom, 2019)... – État thymique : lien étroit entre état thymique et difficultés cognitives ; appréciation importante, l’entretien spécifique si nécessaire. Dépression : questionnaires comme BDI (Beck, 1996), GDS (Yesavage, 1986), HADS (Zigmond, 1983)... Anxiété : questionnaires comme STAI (Speilberger, 1983), BAI (Beck, 1996), HADS (Zigmond, 1983)... 3 = Déficit = Incapacité = Handicap