Content text A 238_Encyclopédie de la foi t.3_Mai-Puissance 1966.pdf
IMPRIMATUR Paris, le 7 janvier 1966 J. HOTTOT, Vic. gén. L'édition originale de cet ouvrage a paru en allemand au K&sel Verlag, Münich, sous le titre Handbuch Theologischer Grundbegriffe L'édition italienne parait aux Editions Queriniana (Brescia) L'édition espagnole paraît aux Editions Guadarrama (Madrid) © Les Editions du Cerf, 1966 pour l'édition française J (.Ç 8~, ~- / vâ~ ENCYCLOPÉDIE DE LA FOI sous la direction de H. FRIES Tome III Mai - Puissance LES ÉDITIONS DU CERF 29, boulevard Latour-Maubourg PARIS 1966
ENCYCLOPÉDIE DE LA FOI ARTICLES DU TOME Hl TOME I TOME II TOME IV ADAM ADAPTATION ESPÉRANCE ESPRIT SAINT RÉDEMPTION RÉFORME MAL . . . . . . . . . . . . . . 9 PARTICIPATION . . . . . . 308 ALLIANCE ÉTAT RELIGION MARIAGE . . . . . . . . . . 23 PASTORALE . . . . . . . . . 320 AMOUR ANALOGIE ÉTERNITÉ ETRE RELIGIONS RÉSURRECTION DE JÉSUS MARIE . . . . . . . . . . . . 34 PATIENCE . . . . . . . . . . 329 ANGE EUCHARISTIE RÉTRIBUTION MÉDIATEUR . . . . . . . . 46 PATRISTIQUE . . . . . . . 334 ANNÉE LITURGIQUE APÔTRES ÉVANGILE ÉVÊQUE RÉVÉLATION ROYAUME DE DIEU MÉDIATION . . . . . . . . 50 PAUL . . . . . . . . . . . . . 343 ARISTOTÉLISME EXCOMMUNICATION MÉDITATION . . . . . . . . 54 PAUVRETÉ . . . . . . . . . 371 ASCÈSE ATHÉISME EXISTENCE EXPIATION +54"M -E . . . . . . . . . 65 PÉCHÉ . . . . . . . . . . . . 382 AUGUSTINISME FOI SACREMENT SAINTETÉ MISSION . . . . . . . . . . . 85 PÉCHÉ ORIGINEL . . . . 392 FRANCISCAINS SAINTS (CULTE DES) MONACHISME 95 PÉDAGOGIE . . . . . . . . . 402 BAPTÊME (THÉOLOGIE DES) SAGESSE SALUT . . . . . . . MONDE . . . . . . . . . . . . 105 PÙE(SACREMENT GLOIRE GNOSE SATAN MORALITÉ . . . . . . . . . 127 DE) . . . . . . . . . . . . . 411 CANON CŒUR GRACE SCANDALE SCOLASTIQUE MORT . . . . . . . . . . . . . 134 PERSONNE . . . . . . . . . . 425 COMMUNAUTÉ HÉRÉSIE SEXUALITÉ MYSTÈRE 155 PHILOSOPHIE ET CONCILE HISTOIRE DU SALUT SIGNS/MIRACLE . . . . . . . . . . CONCUPISCENCE HISTORICITÉ SOUFFRANCE MYSTIQUE . . . . . . . . . . 168 THÉOLOGIE . . . . . . 438 CONFESSION CONFIRMATION HOMME HUMILITÉ SUBSTANCE SUBSTITUTION MYTHE . . . . . . . . . . . . 180 PIERRE . . . . . . . . . . . . 451 CONNAISSANCE DE DIEU IMAGE SYMBOLE NATURE . . . . . . . . . . . 189 PLATONISME ET NÉO- CONSCIENCE CONVERSION IMITATION NON-CHRÉTIENS . . . . . 200 PLATONISME . . . . . . 457 CORPORALITÉ IMMORTALITÉ INCARNATION TÉMOIGNAGE OBÉISSANCE . . . . . . . . 213 PRÉDESTINATION . . . . 468 CRÉATION CULTE INSPIRATION TEMPS TENTATION ONCTION DES MALADES 223 PRIÈRE . . . . . . . . . . . . 475 INTELLIGENCE ISRAËL THÉOLOGIE ORDRE 230 PROMESSE . . . . . . . . . . 488 DÉCISION JÉSUS-CHRIST THOMISME TOLÉRANCE . . . . . . . . . . . . PAIX . . . . . . . . . . . . . . 236 PROPHÈTENe f . . . . 496 DIEU DOGME JOIE TRADITION PAPE 242 PROPRIÉTÉ . . . . . . . . . 520 DROIT CANON JUGEMENT JUSTICE TRAVAIL TRINITÉ . . . . . . . . . . . . . . PARDON 253 PROTESTANTISME . . . . 527 DROIT NATUREL JUSTIFICATION . . . PAROLEKR!KEri~S~yl+~t~. . . . . . 262 PUISSANCE . . . . . . . . . 544 ÉCRITURE SAINTE KÉRYGME UNITÉ ET THÉOLOGIE LAÏC ÉGLISE LIBERTÉ VÉRITÉ ÉGLISE D'ORIENT LITURGIE VERTU ÉPIPHANIE ESCHATOLOGIE LOI LUMIÈRE VIE VIRGINITÉ La liste des abréviatioes se trouve â la fin du tome IV
MAL I. ÉTUDE BIBLIQUE . - II. HISTOIRE DOGMATIQUE III. LE MYSTÈRE Par-delà la réalité même du mal, la formule liturgico-biblique tormen- tum malitiae évoque toute l'étendue théorique du problème . Butant sur cette question, la réflexion naturelle éclate en multiples recherches possibles, toutes divergentes, pour scruter en métaphysique l'existence du mal ou lui trouver une justification à partir de sa fonction historique . Si la raison est contrainte, en toute hypothèse, à se démettre, il reste toujours l'intelligence qui, elle, peut avec confiance replacer le mal dans la totalité de l'être * et lui trouver ainsi une signification . Ce qui pourrait s'illustrer par la phrase d'Augustin : « S'il n'était pas bon qu'il y ait aussi un mal, nécessairement le Tout-Puissant n'en tolérerait pas l'existence » (Ench. 96) . C'est encore un jugement pré-théologique que la constatation philo- sophique de l'impuissance de tout effort humain pour éclairer le mysterium iniquitatis, d'où le postulat d'une révélation * positive à ce sujet . Le rationaliste Pierre Bayle en est un exemple . Il dit de la raison (dans l'article « Manichéens ») : « Elle n'est propre qu'à faire connaître à l'homme ses ténèbres et son impuissance, et la nécessité d'une autre révélation. C'est celle de l'Ecriture . . . » (Dictionnaire historique et Critique III, Bâle 1741, 306 b). I . ETUDE BIBLIQUE 1 . Go. 3 rapporte la perte d'un état originel paradisiaque de l'homme. Créé à l'image * de Dieu, l'homme *, selon sa nature, pouvait tomber, et il tomba (Adam*) . Dans sa volonté capable d'autodétermination, il a rompu avec la volonté de Dieu connue de lui et posée comme norme de sa liberté *. C'est cette infidélité qui fait le fond du péché originel (originans) de l'homme . Dans tout le récit de la chute (Gn. 3) et dans le comportement apeuré de la conscience coupable du premier couple, il manque ce caractère d'une malice fondée sur la haine de la volonté de Dieu, qui impose des limites à celle de l'homme. Mais ce premier pas dans le péché* ouvrait la voie à la perversion ultérieur
de toute la race déjà coupable dans son origine, comme le raconte Gn. 6, 5 ss . La description de la chute originelle indique pour l'essentiel comment, par le péché, on devient coupable: Elle décrit en général la genèse du mal au coeur de l'homme. L'action contre Dieu est précédée par la tentation*, un mouvement, qui certes ne contraint pas l'âme, mais l'excite. Dans l'abondance du jardin d'Eden, ce fut pour la femme le « plaisir de voir » l'arbre au fruit défendu et « la convoitise des yeux » (Gn. 3, 6). Une chose bonne de la création * devient, lorsqu'elle est défendue, une double instigation à la jouissance . Dans la conscience, dès la première faille entre ce qui doit être et ce qui ne le doit pas, le besoin s'éveille aussitôt, d'une justification de l'engagement dans le mal : le plus rusé des animaux y donne son appui. Quel symbole ou quelle personne ce serpent doué de parole représente-t-il? Par le premier mot déjà : « Eh! Dieu aurait-il vraiment dit. . . ? » il a prise sur la femme, qui est dans une situation intérieure de demi-consente- ment, mais qui souhaite aussi d'être soutenue dans son propre désir par le séducteur. Il ne manque rien au dialogue entre le serpent et la femme pour qu'il soit monologue de la femme tentée par elle-même . A la manière du serpent, par pièges et détours, le discours va de l'un à l'autre comme si l'homme et l'animal n'étaient plus qu'une seule nature et une seule volonté. Leur commune subtilité aboutit à la saisie du fruit par la femme. Qu'elle fasse de l'homme le complice de sa faute est caractéristique du mal, de son besoin d'expansion et d'appui dans une communauté du pire, du deterius. C'est ainsi que l'homme pénètre de force dans le secret réservé à Dieu, à savoir que son image est capable également de se refuser à lui, le modèle premier. Par l'expé- rience négative de la liberté, l'homme acquiert une participation à la science divine du bien et du mal (Gn. 3, 5) . En goûtant à l'arbre de la connaissance, il perd à jamais son existence paradisiaque. C'est une perte tragique parce qu'elle résulte de l'état de créature de l'homme lui-même : alors que l'homme est créature et non pas Dieu, il lui est imposé de devenir semblable à Dieu dans l'ordre de la perfection (cf. Mt. 5, 48). Gu. 3 a été compris comme « mythe* étiologique » (du côté juif, par B. Jacob, Genesis, Berlin, 1934, 134). Une telle interprétation trouve déjà des appuis à l'intérieur de la théologie biblique et, ensuite, dans l'allégorisme des Pères et des théologiens postérieurs. Mais en tout cas, l'interprétation étiologique de l'histoire biblique des origines montre que l'homme demeure insatisfait de l'état dans lequel il trouve le monde. Le mal est et reste le grand scandale, et la question de son origine, le véritable tormentum de l'existence . Comment le serpent vient-il au paradis ? Qui est-il ? Les animaux n'ont pas de langage . Lui, cependant, parle comme Satan* plus tard ; dans la Bible celui-ci représente d'ailleurs une figure beaucoup plus récente (les écrits de la Révélation formant un corpus organique, nous pouvons nous permettre de faire abstraction de (échelonnement historique des thèmes fonda- MAL il mentaux de la Bible). On peut regarder en arrière sur la révolte de Lucifer, y voir l'origine du mal et constater ainsi, étiologiquement, une première perversion de la volonté dans le monde des créatures purement spirituelles. A la question Car voluit ? il n'y a qu'une réponse : Quia voluit . (Ainsi saint Anselme de Cantorbéry, De casu Diab. 27; cf. aussi la définition dogmatique du diable et des démons : ipsi per se facti mali [Dz 428] ; la suggestio diaboli citée ici à propos du péché de l'homme n'exclut pas, mais inclut la vulnérabilité de celui-ci à l'inspi- ration du tentateur.) Qu'on regarde au-delà de Gn. 3 : la réalité du mal a donné le départ à une lutte fantastique pour le subjuguer tant au plan de la pratique que de la théorie. Nos allusions à toute cette problématique du mal font ressortir les points de vue essentiels de l'AT et du NT. Evidemment, il faudra tenir compte de l'unité du Livre inspiré mais aussi de la mobilité dialectique et des exigences posées par des situations historiques changeantes, car telle est bien la condition faite à la Parole de Dieu, puisqu'elle s'exprime en langage d'homme . Quant à l'ensei- gnement biblique commun sur Dieu, il est à noter dès l'abord que la Bible use d'un anthropomorphisme éclairé et parfaitement conscient (cf. les déclarations antinomiques sur le « repentir » de Dieu, avec la négation Nb. 23, 19; cf. aussi, cependant, la justification de l'anthropo- morphisme théologique à partir du caractère théomorphe de l'homme Ps. 93 [94}, 8 ss .) . 2. Prémisses cosmologiques. , L'eeuvre de séparation accomplie par Dieu sur le chaos initial crée l'ordre, celui de lumière* et ténèbres (Gn. 1, 4). Du premier élément et non de l'autre, il est dit qu'il était bon. Tous deux se situent dans les mêmes espaces de l'univers, bien que s'opposant et s'excluant l'un l'autre ; mais tous deux existent parce que Dieu le veut ainsi . Lumière et ténèbres conservent, même à titre de métaphore morale, leur caractère exclusif, mais aussi leur commune relation à l'auteur de l'ordre * qui est le leur . « Je suis Yahvé sans égal, je façonne la lumière et crée les ténèbres, je fais le bonheur et provoque le malheur ; c'est moi Yahvé qui fais tout cela » (Is. 45, 7). C'est le Christ-Logos qui, dans le NT, révèle le sens originel du drame lumière-ténèbres (Jn 1, 5 ss. ; 3, 19 ss . ; 8, 12; 9, 1 ss. ; 1 Jn 1, 5 ss. ; 2, 7 ss .) . L'image cosmique de cette opposition des volontés (qui suggère, comme chez Paul* déjà, une double prédestination*) désigne en fait un dualisme moral, radicalement différent du dualisme iranien avec ses deux principes métaphysiques, opposés dès l'origine. On trouverait une prémisse cosmologique apparentée de l'opposition bien-mal, dans la tradition d'un antagonisme originel présent dans toute création, et rappelant la loi d'Héraclite de l'énantiodromie . C'est lé Siracide surtout qui parle de ce principe du contraste : Mo, Mo, àv xa-rivavTt -rov Ws, unum contra unum 'ATrévavTt rov xaxoû